Le CSAR raconté par Pierre Jacques Rousseau


LE CSAR UNE HISTOIRE

Ce 20 septembre 2014, je viens de trouver par hasard la page web “les retrouvailles du CSAR”. J'ai été très ému! Revivre ainsi une partie de ma jeunesse, la plus belle et la plus importante... Vous revoir sur la photo, la liste de membres, notre petite histoire, et notre revue, nos activités quel plaisir ce fut. Plein de beaux souvenirs, l'unité du groupe de direction Diane, Rock et moi avec tous les autres chefs de sections. Des débats, les interminables soirée de dactylo pour publier le Véga, nos expositions, les lancer de ballons, les participations aux Expo-Science, etc. Le télescope, l’étuveuse, les microscopes, nos locaux, la calculatrice de Marc et Roger...

Le CSAR était né de la fusion du CASA club amateur scientifique d'Alma de Jean Paradis et Raymond Munger ( à l’école Champagnat) et du mien, le CSA, le club de science d'Alma (à l’école Ludger Gauthier) après mes démarches au printemps 68 suite à notre rencontre à l’Expo-Science 68. Il y a eu un groupe au primaire à St-Joseph.

J’avais fondé un club de science en secondaire 2 en 1965-66 avec Lucien Lapointe, Gilles Villeneuve, Jean-Pierre Gagnon, Conrad Bergeron et Germain Gaudreault dans une ancienne chambre froide de la maison chez Lucien, rue Sacré-Coeur. Nous y faisions des expériences de lancement de fusées à poudre et autre. Nous y avions une réserve de produits chimiques pour des expériences de chimie. Nous avons publié notre premier journal scientifique “L’Éprouvette” qui était imprimé à 8 ou 9 exemplaires sur gélatine, une recette fabriquée chez-moi et trouvée dans l’Encyclopédie De La Jeunesse. En secondaire 4 à Ludger Gauthier, (67-68) Gérald Arseneault et une dizaine d’autres se joignent à nous alors que nous essayions de faire de notre club un club scolaire avec l’aide de Daniel Brassard professeur de chimie et du directeur le fr. Wilfrid Doré.

En début d’année 69 à Champagnat, avec la permission du frère Doré alors directeur, j’avais fait le tour des classes de l’école afin de faire remplir un très grand questionnaire (5 à 9 pages) afin de connaître les intérêts des élèves envers un club de science et leurs éventuelles participation. L’analyse m’avait révélé les besoins pour divers intérêts qui sont devenus autant de sections : astronautiques, astronomie, génétique, électronique, taxidermie, chimie. Il y avait des étudiants en lettres et administration intéressé aux sciences, au club. Les étudiants s’inscrivent en grand nombre. Nous avions un petit local au sous-sol depuis l’année dernière.

En octobre 69 c’est l’occupation. Période faste au Québec. Je représente le club à l’association étudiante. Les membres du club se réunisse au local. Nous apprenons à nous connaître. Des liens intense se forment. Le club occupe une grande place parmi les autres organisations. Fort de tous ses membres le CSAR obtient des subvention de la commission scolaire et de la Ville d’Alma.

Diane Brassard est devenu notre secrétaire de direction et Rock Larouche directeur des finances. J’étais devenu directeur des relations extérieures. Chaque comité a nommé un directeur pour former le comité de direction. Nous avions besoins de place et de locaux. C’est en devenant membres de l’AGE (association générale des étudiants) à Champagnat au sec 5 (12e cpes) que nous avons obtenu un très grand local qui permettait de loger chacun des comités. C’est en développant le concept d’autonomie de chacun des comités que nous sommes devenus une majorité parmi les clubs étudiants avec un grand budget de l’AGE. On nous donne une dizaine d’anciens microscopes, nous achetons une étuveuse, une caméra la Minolta srt 101. La commission scolaire nous finance un télescope. Des grands projets naissent.

J’ai lu la constitution du Canada, des États -Unis, de la France, de l’URSS et de l’ONU pour écrire le brouillon qui allait devenir notre charte.

Il y avait des amis, d’anciens membres qui étaient partis aux CEGEPS de Jonquière et de Chicoutimi, nous avons essayé d’y créé des clubs de science affiliés. Après de longs débats la section Chicoutimi s’est ouverte. Des étudiants du secondaire au Campus A ont créé une autre section. Avec la création du Collège du Lac-St-Jean une tentative a été faites d’ouvrir une section à St-Félicien.

Afin de se retrouver le soir et les fins de semaines, on a eu un local à la Banque de Montréal à Nauville, Pierre Bouchard y montait le télescope sur le toit et le rangeait dans le coffre-fort. Nous partagions ce local avec le club des Jeunes Naturalistes. L’année suivante nous avons eu le très grand local en haut du premier centre des loisirs d’Alma sur la rue St-Sacrement à Nauville. Nous y étions tous les soirs. C’est là les très grande soirée avec les dactylos, la Gestener, cette antique mais miraculeuse polycopieuse à l’encre. Y a-t-il eu des numéros publiés avec dans nos bureaux du sous-sol de Champagnat? Je pense que oui, les premiers numéros?

Une des visés du club était d’aider des jeunes à préparer des expériences et kiosques à présenter à l’Expo-Science régional. Au printemps 68 avec Germain Gaudreau j’avais exposé un engin à combustible liquide et gagné le 7ième prix. Jean Paradis et Raymond Munger avaient exposé une fusée d’aluminium d’environ 20 pieds et remporter le 3ième prix. En 69 avec Germain j’ai participé avec un oscilloscope, nous avions fait le tube à vide. Michel Tremblay du secondaire avait réalisé un moteur ionique en 70. En 71 Roger Coudé et Marc Michaud présentaient une calculatrice. Je ne me souviens pas des autres.

Durant l’été 69 Jean Paradis avec trois montréalais sommes allé en France pour participer à un stage en aéronautique au camp militaire de Lacourtine avec l’office franco-québécois pour la jeunesse. Que d’autres souvenir... Le petit pas pour l’homme et le pas de géant pour l’humanité sur écran de cinéma dans l’auditorium du camp, les lancers de fusées et de ballons sondes, etc...

Lancer de ballon et de fusées en France

Extraits du journal de l'Association Nationale des Clubs Scientifiques de France

Extraits du rapport de stage en France

Nous sommes revenus avec un ballon aérostatique en néoprène qui est resté à l’AJS (Association des Jeunes Scientifiques) à Montréal. Il fut lancé l’été suivant de St-Hubert.

C’est ce stage qui a entraîné les lancers de ballon sonde au CSAR. Durant l’hiver 70 Raymond Munger et moi comme directeur d’un comité aéronautique avons préparé un lancer de ballon sonde. Il a trouvé un ballon de caoutchouc dans un catalogue et nous avons pensé à un lancement d’été. Avec Pierre Bouchard du comité d’astronomie on a pensé bâtir un observatoire. J’ai trouvé une montagne à Dorval dans le rang Saguenay près de la scierie, du côté de la rivière. Malgré toutes mes démarches, on a jamais trouvé les propriétaires. À la fin du printemps on commence à l’examiner de près et l’idée d’un camp d’été naît. Finalement un groupe tracera un chemin dans la montagne durant l’été et on prépara un grand camp sous la direction de Raymond et de Rock où tous les comités pourraient être présents. En vacance familiale je n’y participerai pas. On y lancera le premier ballon sonde le 25 août 1970. Le ballon fut perdu en direction sud-est. C’est à mon retour que divers calcul nous orientèrent vers Chicoutimi. Un ami de mon père en visite nous parle d’une soucoupe volante à Chicoutimi le 25 août et d’un article de journal. On va à Chicoutimi, on lit et ramasse l’article, on reconnaît notre ballon. Ses fils retrouvent les jeunes qui en ont ramassé des débris. On récupérera la nacelle et le parachute que les filles du comité aéronautique et du secrétariat avait confectionné durant le printemps. On s’en resservira plus tard. Le ballon sonde du camp sur la montagne fut retrouvé à Chicoutimi après un article où photographié dans le ciel il passait pour une soucoupe volante sous le titre "soucoupe volante dans le ciel de Chicoutimi". Un heureux hasard.

Les propriétaires de la montagne découvrant notre sentier se sont manifestés. Ils ont cru que si on avait monté tout ce matériel sur la montagne c’était parce qu’il y avait une mine qu’on aurait découvert. On ne pourra jamais l’acheter pour y construire un observatoire. Le projet s’est arrêté en mai 1971 malgré l’aide du Collège du Lac-St-Jean qui y aurait voulu construire un chalet pour le collège.

Après la publication du journal de l’école et de la revue Le Jeune Naturaliste, j’ai senti le besoin d’avoir notre propre journal. J’ai demandé à Martin Munger pressenti secrétaire à l’AGE et intéressé au club d’organiser un comité d’information. Celui-ci m’a proposé une revue. Après plusieurs proposition nous avons créé le Véga. Une autre grande aventure qui durera 2 ans. Dans le 2ième numéro, on présente l’écusson du CSAR choisi suite à un concour régional sous la présidence de mon amie Pauline Labrecque directrice des arts à la commission scolaire régionale. Quel bel écusson de Chantale Gaudreault que j’ai revu en mémoire si souvent dans ma vie pour me rappeler le CSAR autant que les principes qui nous guidais dans son organisation. Un graphisme et une symbolique tellement parlante. Une espèce de fédération sous un triumvirat avec les chef de sections. Des groupes autonomes, des sections autonomes. Une vraie démocratie participative dans les comités et la direction.

Je ne peux passer sous silence notre voyage hippique pour aller assister au 6ième congrès de l’AJS (Association des Jeunes Scientifiques). Nos nuits dans cette petite chambre d’hôtel où les filles sont absentes... elles sont dans l’autobus-roulotte de M. Girard. Les conférences à l’Université de Montréal, la rencontre de d’autres délégués de clubs scientifique de la province, mon élection comme représentant des régions Est à l’AJS et au CJS.

C’est à ma suggestion pour participer à une journée étudiante organiser par l’AGE que nous avons réalisé le second lancer de ballon sonde dans une journée mémorable. Du 22 octobre le lancement fut reporté au 11 novembre. Nous avions un reporter à la radio communautaire, j’étais allé à une émission à la radio CFGT Alma. Une équipe avec Pierre Bouchard était sur le toit de l’hôpital d’Alma avec le télescope pour le suivre et communiquer avec une équipe au sol afin de le suivre et de récupérer la nacelle. C’était un ballon spécial . N’ayant pas pu acheter un vraie et digne aérostat, j’avais eu l’idée de prendre des sacs de nettoyeur. Commandité par Martinizing, nous avions attaché ensemble 7 sacs à vêtements gonflé à l’hydrogène. La moitié des étudiants de l’école était là en dehors de la ligne de sécurité au moment du lancé où la peur d’une explosion nous guettait. Dans une nacelle en aluminium il y avait un appareil photo. Après la récupération, le club photo de l’école a développé nos photos aériennes du secteur scolaire de la ville. Elles furent exposé au centre social. Le parachute et sa nacelle furent hissés dans la cage d’escalier devant les laboratoires de chimie et de physique.

Dans la semaine qui a précédé ce lancement ma mère m’avait demandé de démissionné parce que mes notes scolaire en souffrait. Tandis qu’on installait le parachute dans l’école je me rendais chez Marcel Gagnon directeur de la vie étudiante pour lui faire part de ma décision de démissionné du club de science. La décision la plus difficile, la plus déchirante de ma vie. Je suis resté membre et surtout conseiller. Je me suis installé dans un local du club toutes mes heures libres et j’ai écrit un roman de science fiction où il y avait 12 planètes dans le système solaire et où une équipe de terrien en 2020 partaient à leur exploration à bord d’un vaisseau spatial. J’ai prêté le manuscrit en 1974 et ne l’ai jamais revu.

Bon enfin j'ai encore plein d’autres souvenirs comme l’Expo-Labirynthe en 1971, la visite au Trou de la Fée à Desbien avec le club de géologie. Il me reste qu’à bien les classer dans le temps.

Michel Robitaille m’a succédé au comité de direction. Il fut suivi de Pierre Désgagné le 29 février 72 et de XXX XXX, au printemps 73. L’année 70-71 fut une très belle année pour le club de science. Dans mes documents j’ai retrouvé le seul qui m’est resté après un incendie en 1984. C’est le rapport d’activité annuel de Michel Robitaille que vous trouverez sur ce site. De juin 71 à septembre 72 je fut égaré à Sept-Iles où j’ai essayé d’aider à la formation d’un club de science, mais ni la commission scolaire, ni la polyvalente ni la ville n’en voulait un. Les quelques étudiants qui voulaient un club sont restés orphelin. À mon retour à Alma en septembre 72, j’ai continué de suivre les activités du club, mais c’était bien différent. Le VÉGA a cessé de paraître, plus de nouvelle de l’AJS et plus rien de Chicoutimi ni Jonquière. J’étais inscrit en cinéma et malgré cela en 73 j’ai essayé de motiver les professeurs à soutenir la participation au club et aider sa survie l’année suivante.

Au CEGEP Montmorency en septembre j’ai préparé avec une équipe l’organisation d’une association étudiante et me suis présenté aux élection avec cette équipe. Je ne fut pas élu à la présidence mais aux activités étudiantes. Nous avons soutenu la création de divers clubs étudiants dont un club de science, créer un café étudiant et un journal. À l’hiver 74 nous avons organisé un festival d’un mois. J’ai représenté mon cegep lors de la fondation de l’ANEQ. Le VÉGA fut le premier d’une longue série de journal que j’ai démarré.

En terminant ce bref historique, je voudrais souligné le magnifique travail de Placide Munger qui m'avais succédé comme délégué au CJS (Conseil des jeunes Scientifiques) et à l’AJS. J’ai souvent repensé à lui et à ce qui s’était réalisé après cela. Aujourd’hui voyant qu’il était l’initiateur de ce site WEB je me félicite encore de l’avoir proposé et convaincu. Je suis tellement content de ce choix que je déplore encore plus sa disparition avant que je ne le revoie. Merci Placide.

Mes condoléance à tous ceux qui l’ont connu et à ses parents.

Fouiller dans ce passé m’a été difficile, des dates, des événements ne correspondent pas aux souvenirs dont ma vie était bâti. J’ai dû fouiller le site web, mes cv, questionner ma famille et réécrire toute ma vie de septembre 69 à juin 71. Le problème étant que de 69 à 73 il n’y avait que 3 ans de souvenir au lieu de 4. Cela faisait très longtemps, au moins 20 ans que je savais qu’il me manquait une année de ma vie. Vous retrouver a été l’occasion de retrouver cette année perdu. Rien n’arrive pour rien, et vient à point à qui sait attendre. Merci à vous tous. Vos retrouvailles ont été aussi importante pour moi que tous les heureux événements que nous avions vécus ensemble. L’occasion de remplir un trou dans ma vie, suite de défaites, d’échecs, d’accidents, d’occasions manquées et de déception encore marqué récemment par le refus au camping de me laisser construire un gazébo en forme de Tour Eiffel de 14 pi de large et 42 de haut. Une vraie occasion d’affaire pour eux en cette année du 125ième anniversaire de la célèbre Dame de fer.

Pierre Jacques Rousseau

Vaincu en démissionnant en 1970.


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